François Lavallée a veillé à la qualité de notre travail pendant 15 ans. Année après année, mois après mois, semaine après semaine, il créait et donnait la majeure partie de nos formations internes, vérifiait la qualité de nos révisions, nous proposait des capsules linguistiques. Il se chargeait même d’envoyer à toustes les Fleurons, un recueil des perles de traduction et de révision produites par nos collègues. Le 3 octobre, il a tiré sa révérence; à nous, maintenant, de lui tirer notre chapeau.
Pour lui rendre hommage, j’ai bien sûr puisé dans mes propres souvenirs, mais j’ai aussi demandé à mes collègues d’apporter leur grain de sel. C’est ensemble, donc, que nous avons dressé le portrait de cet homme qui a profondément marqué le monde de la traduction, au Québec. C’est avec gratitude et émotion que nous lui offrons ces lignes.
Lorsque je pense à François, le premier mot qui me vient en tête, c’est diplomatie. Mais en fait, non. Ce n’est pas tout à fait ça. Il y a d’autres mots qui accompagnent celui-là : gentillesse, bienveillance, douceur, tact. Avec la diplomatie, on est peut-être plus dans les habiletés que dans la volonté. Il manque au mot une goutte d’humanité, je dirais. La ligne entre éviter de froisser les gens et vouloir que les gens se sentent bien est très mince.
Mais je me souviens aussi d’une chose que François m’avait dite, il y a plusieurs années. Que son empathie, sa capacité à se mettre à la place de l’autre, était certainement la qualité qui l’aidait le plus dans son rôle de père.
Le mot empathie serait-il celui que je cherche? Parce que si on a toustes appris autant avec lui, c’est grâce à cette capacité qu’il a eue de se mettre à notre place. À la place de professionnel·le·s chevronné·e·s qui reçoivent une critique, à la place de nouvelles recrues en perte de repères, et j’en passe.
Un survol, maintenant, de ce que mes collègues avaient à dire.
« Je tiens à souligner sa capacité à transmettre son savoir. C’est toujours avec humilité, passion et bienveillance. »
Le mot humilité est ressorti très souvent, et ce n’est pas étonnant. François a beau être une sommité du domaine, il s’adresse toujours aux autres d’égal à égal; et quand il se trompe, il l’admet sans hésiter. Dans un contexte de travail, pourrait-on demander mieux d’un membre de la direction?
« Pour moi, il reste l’âme d’Edgar. »
Les autres mots ressortis peuvent surprendre aux premiers abords, mais sont tout aussi légitimes : âme, ange, esprit… Une sorte d’omniprésence qui existe à travers des outils de travail que François nous a légués.
Même s’il s’en va, nous continuons de porter en nous la confiance qu’il a semée et fait grandir, une confiance qui nous permet de nous aventurer sans crainte en dehors des sentiers battus, d’atteindre l’idiomaticité avec originalité, en nous démarquant. Même s’il s’en va, ses enseignements restent.
« Il a fait exploser le potentiel des gens qu’il a côtoyés. Heureusement pour la prochaine génération, elle pourra toujours se rabattre sur ses livres… »
C’est sur cette dernière phrase tournée vers l’avenir que nous te remercions de tout cœur, François, et te souhaitons santé et bonheur.